Radioactif 385
Radioactif 385
Texte de 2008
Les féministes
À cette époque, les féministes n’étaient pas une bande de réactionnaires contre la sexualité. Elles avaient compris qu’il y a des choses plus importantes que le sexe. Elles ne rejetaient pas cette réalité animale : le plaisir. Elles s’assumaient pleinement comme femmes et profitaient du fait qu’elles sont des êtres sexués. Elles aimaient le sexe et elles ne s’en cachaient pas.
Aujourd’hui, les féminounes agissent comme une bande de paranos qui ont toujours peur d’être touchées ou violées. Celles-ci sont souvent des lesbiennes frustrées homophobes plus ou moins conscientes de leur état qui voudraient que la société soit castrée. Elles ne jouissent pas de leur sexualité, car elles sont trop occupées à gérer celle des autres, particulièrement, celle des plus jeunes qu’elles. Les scrupuleuses sont généralement ainsi parce qu’elles sont frustrées et elles sont frustrées parce qu’elles sont scrupuleuses.
Je tiens mon slogan « tu es le maître absolu de ton corps et de ton esprit » des féministes d’antan.
Aujourd’hui, ce n’est plus le même discours. Ce n’est plus une recherche d’émancipation, c’est un retour déguisé aux normes religieuses qui veulent que les femmes sont inférieures parce qu’elles sont une tentation perpétuelle. Un déséquilibre entre la spiritualité et notre réalité animale. La peur. Tout ce qui naît de la peur est maladif et se propage comme une tornade. On dirait à travers cette perception de la sexualité que la structure du corps a autant ou plus d’importance que l’intelligence ou la vie émotive.
Pourtant, le sexe sans amour, ça ne vaut rien. C’est une seconde de plaisir, c’est strictement éphémère. De plus, on n’était pas à cheval sur la notion mathématique de l’égalité : un homme égale une femme pour chaque poste. Les féministes revendiquaient avec raison la parité salariale. Ce qui devrait être chose faite dans toutes les sociétés évoluées. On voulait des hommes roses plutôt que des machos. Des hommes qui partageaient les travaux domestiques. On voulait des hommes qui s’impliquent autant que les femmes auprès des enfants, contrairement, à aujourd’hui, où aussitôt qu’un homme manifeste un sentiment affectueux envers un enfant est classé pédophile.
Seules les femmes ont droit d’avoir des sentiments pour les plus jeunes. En fait, on ne jugeait plus un être humain au fait qu’il soit un homme ou une femme, mais juste sa dignité d’être un (e) individu(e).
Aujourd’hui, les féminounes avec leur croisade anti-sexe, sous prétexte de protéger les jeunes, nous replongent dans une société d’hypocrites et de censure. Elles ne se contentent plus d’essayer de gérer l’intérieur des pantalons des habitants du Québec, mais elles essaient d’imposer leur morale réactionnaire partout dans le monde.
Si la prostitution individuelle était libre, il y aurait moins d’obsédés et de frustrés. Seules la violence et la domination seraient interdites.
Autant j’aimais les féministes authentiques qui nous présentaient une vision éclairée de la vie autant je déteste les féministes réactionnaires, les féminounes. Avec la peur du sexe, elles creusent encore plus le fossé homme-femme.
Tous les hommes roses sont devenus à leurs yeux un danger pour les plus jeunes. La peur d’être dépossédées, qu’une autre soit préférée est devenue la lutte sexuelle des féministes. Elles ont peur d’être détrônées par une fille plus jeune, nécessairement plus alléchante, plus belle qu’elles, d’où le besoin de leur refiler leur peur des mâles, car, ainsi, elles ne seront plus un danger sur le terrain de la conquête.
Ce fut aussi la période où j’ai connu le baron Philippe, un transsexuel. Il voulait être une femme pour comprendre ce qu’elles vivaient. Pour un petit gars de la campagne, je trouvais ça « flyé» au bout. Mais, ça me plaisait.
La liberté de choisir son sexe, c’est merveilleux comme perspective d’avenir quoique personnellement, je suis un gars et je ne suis absolument pas intéressé de changer. Je dirais même que mon pénis est plus populaire que mes écrits.
À mon âge, de toute façon, le sexe ça n’a plus autant d’importance. Dix ans sans aventure, ça forge une opinion différente.
La vie de mère.
À ma sortie de prison, je me suis installé avec Suzanne et les enfants. Suzanne allait à l’école et je m’occupais des petits. Ce fut une très belle expérience et je peux affirmer que ceux qui pensent qu’une maman à la maison n’a rien à faire se trompent mauditement. Ne t’arrête pas une minute de courir.
J’étais ravi plus que jamais de demeurer chez Suzanne. Jouer au père ou à la mère — puisque je m’occupais aussi de l’entretien de la maison — me fascinait. Ce fut toute une expérience quoique encore moins enrichissante que les cours de psychologie que je vivais quotidiennement avec Yanie et Patrick.
Leurs luttes m’en apprenaient toujours un peu plus sur le pouvoir de manipulation qu’ont les enfants.
Il y a vraiment une différence fondamentale entre une fille et un garçon. La fille tente sans cesse de te séduire, elle joue volontiers à la victime alors que le gars est un paquet d’orgueil qui s’imagine pouvoir tout mener parce qu’il est plus fort.
La différence est moins sexuelle entre gars et fille est moins importante que celle «du point de vue», comme dans le cinéma. Le point de vue dirige le regard. Quand j’étais seul avec les petits, tout allait bien ; mais dès que la mère mettait les pieds à la maison, c’était la guerre. Yanie prétendait que son frère avait fait ceci, Patrick prétendait que sa sœur avait fait cela, alors qu’il n’y avait rien pour justifier ces drames. C’était l’enchère pour prouver que l’autre avait mal agi. Plus Suzanne s’en mêlait, plus les choses s’envenimaient.
Un exemple : Une journée, on sautait dans la neige à partir du toit de la maison. Yanie, malgré sa peur, réussissait et s’amusait ferme, mais dès que sa mère est apparue ce fut la crise totale. Un passant aurait sûrement cru qu’on était en train de la tuer. Évidemment, sa mère fut immédiatement terrifiée parce qu’on ne faisait rien de spécial pour la sortir de sa crise, mais quelques secondes avant, elle était toute heureuse de sauter. C’était un moyen de se faire remarquer.
À la longue, Suzanne prenait toujours pour elle et je prenais toujours pour Patrick, une dissidence automatique : les gars se comprennent mieux ensemble comme les femmes entre elles; sauf qu’en vieillissant les gars sont prêts à tous les compromis pour ne pas être condamnés aux coups de poignets pour le reste de leur vie.
Dès que nous nous retrouvions seuls, l’harmonie se réinstallait. Probablement, parce que seul je redevenais plus neutre dans mes interventions. J’ai remarqué que cette situation se présente souvent quand les enfants sont uniques ou dans une famille uni parentale. Les jeunes veulent posséder la mère. J’avais peut-être l’air de ne rien comprendre, mais en somme, je trouvais que les deux en mettaient à outrance pour avoir raison.
De jouer au papa-maman modifiait aussi ma perception de la pédérastie. Les sentiments devenaient prioritaires. Patrick ne voulait rien savoir sexuellement. Au début, il se promenait même rarement en bobette devant moi. On le croyait prude. C’était son droit. J’appris avec le temps que Patrick crevait souvent de peur, seul, dans sa chambre. Il ne voulait pas venir me trouver parce qu’il croyait pour l’avoir entendu (où je ne sais pas) que je pourrais l’enculer durant la nuit, sans sa permission. Je le comprends : il ne voulait pas souffrir. Ce qui doit sûrement arriver quand ça se produit entre un petit vieux bien «graillé» et un petit cul en formation. Il ne pouvait pas savoir que je n’aime pas la sodomie.
Quand il s’est senti assez en sécurité, il m’en a tout simplement parlé et nous avons éliminé cette peur à jamais. Même s’il venait me retrouver quand il avait trop peur, il ne s’est jamais rien passé entre nous de génital. Je les aimais profondément comme mes enfants.
J’apprenais en le vivant qu‘il est possible d’aimer sans que ça aboutisse nécessairement au sexe.
Sans le savoir, mes exigences devenaient plus raffinées. Comme quand j’étais tout jeune, la beauté des visages devenaient ce qu’il y a de plus important. Sans le savoir, ma pédérastie se raffinait, en ce sens, qu’il y avait en plus de la fascination, une règle à l’effet de respecter le oui ou le non du petit gars.
La pédérastie est un amour qui entraîne nécessairement une très grande responsabilité.
J’étais un nouveau Platon. Ma pédérastie se modifiait. Elle n’était pas mieux, plus morale ou je ne sais trop, mais elle me forçait à m’adapter à la réalité. Je devais vivre chaste, même si je trouvais très beau le petit gars qui me côtoyait 24 heures sur 24. Mon obsession de vérifier les formes étaient moins importante que de respecter ses restrictions, ses limites, de vivre au quotidien sans l’outrager.
Ma joie était de plus en plus de vivre simplement avec des enfants, de chercher à les comprendre, les admirer et partager leurs jeux.
D’ailleurs, je trouvais que Suzanne était trop exigeante au lit quand elle venait à la maison. Je me sentais beaucoup trop fatigué pour me lancer avec euphorie dans des ébats qui n’en finissaient plus…Je n’avais pas mal à la tête, mais j’abrégeais. Je craignais plutôt les maux de dos à trop me forcer à éjaculer pour ne pas perdre mon orgueil de mâle.