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Radioactif 358

avril 27, 2022

Radioactif 358

Texte de 2008

Le visage du Canada.     
J’ai été très surpris de la beauté du Canada.  Chaque coin de pays a ses particularités quoique sans être chauvin, c’est un phénomène que l’on retrouve aussi pour chaque région du Québec. 

Je me souviens du Nord de l’Ontario parce que c’est, avec l’Alberta, les seuls endroits où une auto a fait un « crochet » assez prononcé pour je dusse me jeter à l’arrière pour ne pas être happé.  En Ontario, les Autochtones (c’est plus beau de dire les Indiens) étaient en pleine guerre avec les Blancs.  Dans l’Ouest, on ne digérait pas mes cheveux longs. Les cheveux en parachute, comme disait Jim Corcoran. 

Ceux qui pensent que le Canada est un pays bilingue ne sont pas sortis du Québec.  Il y a Radio -Canada, d’un océan à l’autre, mais c’est presque tout.  Tu vas trouver des francophones partout, si tu les cherches.  Même à Sudbury, la francophonie est devenue un mythe, une expression folklorique. 

J’ai été très surpris des Prairies.  Je m’étais figuré ça beaucoup plus plate.  Je me suis surtout amusé avec un petit renard qui ne savait pas s’il devait avoir peur de moi ou pas.  En Saskatchewan, un Anglais qui m’engueulait s’est retrouvé devant un Métis qui lui fit sagement fermer la gueule.  Ce Métis disait qu’en chaque francophone, il y a un Métis.  Par la suite, lui et ses amis, m’ont amené là où Louis Riel a enseigné.  J’ai pu trouver mes initiales sur un banc de la classe de Riel, à Batoche. 

Notre histoire ne nous raconte pas comment le gouvernement de Macdonald a fait tuer des centaines de Métis pour permettre aux trains de poursuivre la Conquête de l’Ouest.  Riel était un des nôtres. On l’a pendu parce qu’il voulait un pays indépendant pour ses Métis.  Son seul problème : il parlait trop avec Dieu.  Il a fait confiance aux sales à Ottawa qui ont ordonné à l’armée de prendre le territoire par la force.  Le Canada a été créé dans le sang.

L’histoire du Canada est tachée du sang de ces pauvres innocents qui ont eu le courage de défendre leur territoire jusqu’à la mort.  Money first !  On exploita aussi les Chinois.  Le mal triomphe toujours. 

Les Rocheuses m’ont déçu.  Je me figurais ces montagnes plus escarpées, plus hautes.  Je les redécouvrirai dans mon deuxième voyage lorsque je dus y faire du pouce.  Des souvenirs – images extraordinaires.  Les montagnes que je me figurais me sont apparues en Europe, mais je ne serais pas surpris d’avoir déjà vécu dans les Himalaya.  Quand je les vois dans des films, j’ai l’impression de revivre ces paysages. 

J’ai adoré Vancouver et les fleurs de l’île de Vancouver.   Les fleurs sont probablement ce que j’ai vu de plus beau.  Elles sèment la gaité.

Que dire des clubs de nudistes.  La nudité est une élévation de l’âme.  Sa beauté est transparente. Seuls les esprits pervers en sont offusqués.  

Plage de nudisme.           

Derrière l’université, à Vancouver, il y a une des plages de nudisme les mieux connues du Canada.  Il faut descendre dans les banquises de sable pour s’y rendre.  Ce fut pour moi le paradis.  Il y avait là une mère et ses deux jeunes fils.  L’eau du Pacifique était affreusement froide, alors les jeunes se baignaient nus dans un trou d’eau sur la plage.           

Nous avons escaladé ensemble les banquises, nous avons construit des châteaux, nous nous sommes enterrés mutuellement, sous la surveillance de l’œil maternel.  En fait, nous avons filé des heures de parfait bonheur ensemble. Pour compléter le décor, devant nous, aux États-Unis, une montagne et ses neiges éternelles.  Imaginez la scène.  L’extase.  Que demandez de plus à la vie?  J’avais dans une seule vison, tout ce qui représente le paradis et ce qu’il y a de plus sublime à contempler. 

J’ai tellement été heureux que j’ai oublié ma maladie de peau, mon vitiligo, et je me suis ramassé dangereusement brûlé.  J’en étais réduit à marcher comme un canard, à avoir de la difficulté à endurer la moindre pièce de linge sur moi, mais j’étais heureux comme un fou. 

Cette vision du paradis m’a tellement profondément hanté qu’en retournant au Québec, lorsque je suis arrêté en Saskatchewan chez un peintre et sculpteur, un nommé Fafard, je crois.  Il avait fait un immense éléphant sur le toit d’un bâtiment.  Tout ce que j’ai su exprimer dans ma tentative de dessin fut de reproduire cette scène qui m’habite encore : la plage, les jeunes nus, l’eau froide et la montagne devant avec ses neiges éternelles.

Mes brûlures ont eu pour résultats d’activer mon vitiligo au point d’en être couvert partout sur le corps et confirmer que je suis bien un nègre blanc d’Amérique.  Ces quelques heures valent à elles seules la peine de vivre. 

Le cirque libérateur.        
    
C’est en hommage à Marc Lachance que je veux écrire ce petit mot.

Radio-Canada vient de montrer comment le Cirque du monde, un petit du cirque du Soleil, permet aux jeunes de la rue de s’en sortir.  C’est exactement le projet qu’animait mon ami Marc Lachance, en Éthiopie.  Les jeunes de la rue pouvaient s’inscrire, s’instruire et participer aux activités du cirque. 

Marc s’est suicidé pour sauver son œuvre du scandale parce que des lettres anonymes du Québec le dénonçaient comme pédéraste. Dans leur langage diabolique, on appelle ça de la pédophile alors que le mot juste est de la pédérastie (à cause de l’âge de ses amants).   

Ce sont ces étroits d’esprit qui représentent un danger pour la société en faisant pleuvoir les subventions au service de sécurité des pays.  Ils font disparaître tous les bons sentiments qui animent des projets pour venir en aide aux démunis, sous prétexte qu’il y a du sexe.  Je serais d’accord avec ces dénonciations, si une des raisons pour être inclus à ces activités soit d’être obligé de participer à des activités sexuelles .  Ce n’est plus pareil.  Il n’y a plus de plaisir, s’il n’y a pas  de consentement mutuel.  

Quoiqu’il en soit, Marc a créé une foule de cirques en Éthiopie.  Le chantage lui faisait tellement peur qu’il s’est pendu quelque part en Amérique du Sud pour sauver la réputation de ses cirques.  Avant de mourir, il avait écrit qu’il voulait que l’on interprète son suicide comme un meurtre. Il faisait référence à la nuance que je fais entre pédophilie et pédérastie et affirmait que la pédérastie est une orientation sexuelle

Disons que le jeune qui expérimente cette forme d’expression de sa sexualité et qui s’y reconnaît peut déjà se dire gai.  Si tu te sens accepté comme tel, c’est énorme.  C’est ce que les hétéros ne veulent pas reconnaître : les jeunes savent très jeunes ce qui les attirent et les excitent sexuellement.  Il n’y a aucun mal dans cet exercice de ta réalité humaine. 

 Le cirque est un excellent moyen pour revaloriser ces jeunes qui quittent la rue et réussissent enfin quelque chose de positif et de créateur.  C’est une œuvre merveilleuse avec ou sans sexe…  

Marc a ainsi réussi à donner un visage positif à sa pédérastie ; mais les trous-de-cul de la chasteté lui ont enlevé la vie pour le salir.  

Bravo mon gars!   Ta vie valait d’être vécue et merci au nom de tous ces jeunes que tu as sorti de la misère et d’une chasteté d’hypocrite.


La nudité.    

La seule raison pour laquelle on considère la nudité comme de la pornographie vient de nos conceptions religieuses qui nient la valeur du corps et considère l’esprit comme la seule richesse de l’homme.  L’interprétation d’une phalange gnostique.   Avec le temps, les religions nous ont tellement lavé la cervelle qu’on n’arrive pas à imaginer une autre échelle de valeurs. 

Pourtant, même si nous savons que nous allons tous mourir, nous devrions avoir l’intelligence de reconnaître jusqu’à quel point le corps est une invention admirable.  Pire, notre corps est la seule chose qui existe sans aucun doute possible. 

L’existence d’un niveau spirituel est évidente, mais pour la très grande majorité, la conception que l’on en a vient des autres.  Pourquoi sommes-nous devenus aussi scrupuleux, à part les intérêts de l’industrie du vêtement ?  On est encore bébé qu’on essaie de nous « dompter » à être vêtu.  Qu’est-ce qui peut justifier une telle panique face à la nudité ?  Pourquoi pense-t-on que la nudité est mal en soi? 

Il suffit d’avoir essayé le nudisme ou le naturisme pour savoir que rien n’est plus sain et naturel que de vivre nu, du moins, à certains moments de notre existence. 

C’est ainsi qu’il est plus normal de se baigner nu, plus agréable aussi.  Pourtant, les lois nous obligent à porter un costume de bain. Nous n’avons pas été habitués à vivre certains moments nus, en compagnie des autres.  On a peur de leurs regards, de ne pas être assez beau, d’être moins attrayant que l’autre. Quand tu te ramasses avec un groupe de nudistes, être à poil devient la dernière de tes préoccupations. 

On s’imagine aussi que la nudité nous rend plus cochon.  Pas du tout.  On dirait même que sans te poser de question, la nudité semble établir une limite dans nos relations.  Un plus grand respect de l’autre. 

Si dans les premières minutes, on peut être voyeur, dès que l’on est habitué, la gêne nous quitte et la nudité n’a plus grande importance.  On est rendu à un autre niveau de relation comportementale. 

Les vrais cochons sont les prudes.  Pour être prudes, tu dois d’abord croire « mal » de te retrouver nu.  Être prude, c’est d’avoir honte de son corps.  Il est bien évident que la nudité a des limites : je ne me figure pas nu, dans une foule bien habillée, dans un centre d’achats…

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