Radioactif 195
Radioactif 195
12 Octobre 2007
Daniel Johnson, père.
À Lac – Mégantic, je couvrais une conférence de Daniel Johnson, père, à l’hôtel Queen. Elle n’existe plus. Un membre de son équipe m’a remis de l’argent, sous la table. Y paraît que ça se faisait couramment.
Vexé, je demandai à M. Johnson de venir me rencontrer au bureau de La Tribune qui se trouvait juste de l’autre côté de la rue.
Quand il se présenta, je me permis de le sermonner contre le fait que l’on avait essayé de m’acheter. Je lui remis l’argent en lui soulignant que ses pratiques ne changeraient rien à mon article.
M. Johnson, tout en disant comprendre mes scrupules, se montra tellement gentil que j’ai vite oublié l’événement.
Il en fut tout autrement pour La Tribune affolée d’apprendre que j’avais convoqué le Chef de l’Opposition dans notre bureau qui faisait vraiment sec.
On ne voulait pas que le sérieux du journal soit jugé à partir de l’allure de son bureau. « Avec lui, a-t-on conclu, on ne sait jamais. Il pourrait tout aussi bien y amener le premier ministre.» On déménagea. Heureusement, j’y avais encore ma chambre.
Le nouveau bureau était situé près du chemin de fer, il me semble, près de la station de police, de l’autre côté. Le local a été détruit avec l’incendie lors de la tragédie, la semaine après que j’eus amené mon ami Jacques, voir où se situait ce bureau.
Mon rapport avec les premiers ministres fut aussi une très belle expérience.
J’ai toujours regretté d’être à couteau tiré avec Robert Bourassa. Il ne le saura jamais, mais je l’aimais bien, sauf en politique. Il était trop fédéraliste pour moi. Et, ses promesses prenaient une éternité à se réaliser. C’est quand même un bon souvenir que de te rappeler que le premier ministre te citait dans des conférences de presse.
12 Octobre 2007
Les valeurs.
Pour moi, l’égalité entre les humains va de soi. Ça existe depuis toujours. L’homme est un animal. Je ne vois pas la différence en importance entre moi et un chef d’état ou n’importe quel autre individu.
Selon l’Évangile, rien n’est plus digne que d’être le serviteur de l’homme. On a tous un bout de chemin à faire dans la vie, certains le feront dans la gloire ; d’autres ignorés de tous comme moi, simplement parce que j’ai osé dire que jeune j’étais pédéraste.
La loi des lois, celle qui dépasse toutes les lois, toujours selon le christianisme est : «Aime ton prochain comme toi-même pour l’amour de Dieu ».
Pas sûr que nos grands moralistes réfléchissent sur cette grande vérité.
Les religions sont des usines à produire toutes les formes de discriminations au lieu de nous apprendre à nous aimer. Un poseur de briques est aussi important dans notre société qu’un premier ministre. Chacun a un rôle à jouer. La valeur humaine est inhérente à son existence. Tout humain est bien plus important que n’importe quelle somme d’argent.
Quand j’étais petit, c’était ainsi. Sauf, qu’aujourd’hui on accorde plus de valeur à un pénis qu’à la vie elle-même. Il y a des névrosés, trop occupés par le sexe ; et il y a les psychosés, les bigots.
Personnellement, je préfère être névrosé. C’est plus le fun.
Mais, la sexualité dans ma vraie vie occupe peu d’espace, sauf chez les bigots qui s’occupent de tout ce qui se passe dans le pantalon du voisin ou de la voisine. Ils ont tellement de choses à surveiller qu’ils oublient de vivre. De vraies machines de médisances ou de calomnies. De quoi rendre la vie chiante au bout.
Pour moi, les vraies valeurs pour lesquelles j’étais même un peu fanatique étaient : la vérité, l’authenticité et l’honnêteté. J’étais prêt à mourir pour ces valeurs. Elles ont joué un rôle déterminant pour le jugement que je porte sur la vie politique que j’associe de plus en plus à l’hypocrisie et à l’exploitation.