Radioactif 152
Radioactif 152
22 Septembre 2007
La peur.
Jeune, sauf de fréquents maux de jambes, je n’avais rien à souligner du côté santé. La seule solution pour des rhumatismes, à part me frotter les jambes avec une crème médicinales, c’était la chaleur ou l’engourdissement à ne plus rien pouvoir sentir. J’étais mille fois plus collant quand ce besoin de chaleur se faisait sentir. Ce n’était pas un problème, mais une réalité passagère.
Par contre, toutes ces histoires de morts qui revenaient à la vie me hantaient. Je mourais de peur à chaque fois que j’allais chercher de l’huile. Je manquais de m’évanouir à chaque fois que je servais à la cérémonie pour une funérailles.
Durant des années, j’ai fait des cauchemars, toujours le même cauchemar.
J’arrivais sur le parterre des Ouimet à Barnston, tout enthousiaste. Puis, des morts apparaissaient et m’agressaient pour finalement me jeter dans une immense fosse d’où j’étais prisonnier. Je me réveillais en sueurs et en pleurs. J’avais tellement peur que pour me rassurer je serrais mon partenaire de sommeil avec autant d’ardeur que pour combattre les rhumatismes.
Il a fallu des années d’horreur, avant que dans un rêve, qui fut le dernier de la série, je réussisse à m’en sortir.
Si je me rappelle bien dans ce rêve quand je fus libéré les morts sont devenus des vivants.
C’est pour ça que je trouve criminel que l’on fasse autant peur aux jeunes avec la paranoïa de l’étranger. Je préfère les écoles où on leur apprend à se défendre sans insister sur le danger. C’est sûrement possible de leur faire prendre conscience du danger sans les rendre complètement fou avec ça. L’étranger , est un problème auquel je n’ai jamais été confronté. Donc, une impression à partir de ce que je me rappelle de mon enfance. À force d’en entendre parler, tu finis par y croire et même l’inventer.
23 Septembre 2007
Le baiser fatal.
Ce qui devait arriver arriva. Un jour, lorsqu’on jouait à la cachette, à Magog, je me suis enfilé sous un perron avec une petite fille qui me plaisait joliment.
La discussion ne s’éternisa pas longtemps et j’en ai profité pour l’embrasser, à multiples reprises, malgré ses réticences, Ce n’était pas ce que ça goûtait qui en valut la peine, mais le changement de rythme de mon petit coeur qui me faisait sentir soudainement envahi du grand amour. La félicité ne dura que le temps de me rendre compte que j’avais eu assez d’audace pour bel et bien l’embrasser.
J’étais donc un cochon total. Un pécheur. Je le regrettais tellement que je lui ai écrit pour lui demander pardon. Ne comprenant pas pourquoi, j’étais soudainement aussi niais, elle me répondit dans une lettre enflammée qui ne laissait aucune équivoque. C’était le grand amour. Mais, c’était aussi ne pas savoir que mon père l’intercepterait, la lirait devant tous à la table et que j’aurais droit à un interrogatoire digne de l’Inquisition à savoir ce que je pouvais avoir fait d’aussi grave pour exiger un tel état de contrition . Un super vent froid venait d’éteindre la flamme de nos premiers amours.
J’étais révolté d’avoir été aussi humilié.
28 septembre 2021
Les enfants de ma génération ont été élevés dans ce monde où il ne fallait jamais poser de questions sur la sexualité et encore moins accepter de vivre une expérience sexuelle, à la cachette, parce que même si on ne comprenait pas pourquoi c’était interdit, on savait que ce l’était.
Accepter de te laisser toucher, et, à moins d’être menteur, c’était bien agréable, faisait de toi automatiquement un pervers. Je me souviens que je ne savais jamais quoi dire quand j’allais en confession. Il y avait bien d’avoir menti à l’occasion, de m’être fâché et de m’être parfois toucher au zizi. Je me demandais d’ailleurs quand cela devenait un péché, car, tu ne peux quand pas aller pisser sans le toucher.
Évidemment, cette peur du sexe fut transmise à la génération suivante. Même si on avait plus de prédicateurs pour venir nous damner, il y avait la télévision pour semer la peur de tout étranger à plus de 500 mètres d’un enfant. La débilité parfaite!
Ça n’a pas changé. On continue dans les informations de nous casser les pieds avec leur harcèlement sexuel. La peur du sexe est devenue nos lois et bientôt nous aurons des tribunaux spéciaux pour bien écouter ce que toute personne aura à raconter comme jadis à la confession.
Pourtant, ces cas relèvent davantage des psychologues et sexologues que des tribunaux. On ajoute les crimes pour rendre la chose plus payante et donner ainsi raison aux femmes qui sont de plus en plus nombreuses et représentent un poids politique.
Ça fait bien l’affaire du système de multiplier les raisons de croire que nous sommes des pécheurs, d’être culpabilisés juste du fait d’être normal, c’est-à-dire des humains, des êtres sexués.
L’éducation des jeunes doit les conduire à l’autonomie et la liberté de conscience non à être des moutons qui croient tout ce qu’on leur raconte. Juste parler de ce qui se passe en cours permet de maintenir l’idée que le sexe est criminel. Ce qui n’est pas le cas sans violence et avec consentement, Apprendre à vivre responsable, tout simplement.