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Mario 6

décembre 9, 2020

Mario 6

L’amour est plus fort que les empreintes digitales, les photos numérotées;  l’amour c’est le feu qui fond le mur des prisons, qui tue, qui transforme. L’Amour, c’est la vie.        

Mario. On t’a bafoué. On t’a écrasé. Et l’on te garde loin de moi… puisque tu ne veux pas te sauver, je le ferai pour toi. Nous sèmerons ta famille dans la tempête et le vent. L’ouragan sera si fort que l’on te cédera plutôt que de fondre au rocher. Les doigts nazis qui s’infiltrent entre tes épaules seront coupés et brûlés à la place publique. Mario , tu seras libre. Nous poursuivons notre chemin.     

La rédemption est dans la foi de notre libération.    

Mario. Je me suis fait prisonnier pour te porter dans mon cœur, toi, ma région, mon enfance, mon pays. Mario chéri !  Je revois dans tes yeux la douce lueur d’espoir qui agitait nos parents, nos amis, nos frères du peuple. Nous que la terre choyait de ses fruits. Nos lapins, petits et mignons…         

Je me rappelle cet amour qui animait nos mains en posant délicatement sur la porte du fourneau, dans une boîte, des lapins enroulés. Des lapins qui nous semblaient mourir de froid, mais qui succombaient au poison que nous leur donnions trois fois par jour pour les nourrir. Combien de larmes lessivaient nos joues blanches de peur? Nous les aimions tant nos lapins que la terre tuait parce qu’elle n’était pas soigneusement tamisée. Sans le savoir, nous les avons tués avec notre bonté, notre générosité.       

O Mon chéri! Reviens vite. Malgré le délire de ton absence, je jouis à la pensée que demain, un demain plus près de nous, tu seras libre. Je t’aurai enseigné la poésie des étoiles et la grandeur du blanc de la neige. Je t’aurai appris à marcher à travers les mots. Tu seras imperméable au sommeil. Tu m’auras appris à dessiner des paysages comme ceux jadis avant l’orage. Malgré les barreaux qui nous séparent, ces barreaux-tombeaux, je sais que tu continues à vivre l’apprentissage de la liberté des vers et la couleur de ton enfance. Toi, mon paradis terrestre. Mon pays du Québec à libérer.   Mon prince charmant. Mais sache que souvent le prince du fond de son cachot est encore plus libre que son peuple dans les champs.        

J’ai mal à la Vérité. J’ai le cœur noir de servitude. Je suis né de l’enfance. J’ai gardé son langage au-delà des actes. La révolte qui m’anime n’a de réalité que dans la situation qui l’engendre. En dehors de cette situation, nous ne sommes qu’amour. Qu’importe!  les baisers fonderont le masque qu’on nous impose.   

Je suis le clairon d’un peuple en guerre de son mal d’aimer, d’un peuple qui se crée, qui naît à sa propre identité. Toi, Mario-Réjean.

Peuple -Mario, je veux t’aimer tendrement et cesser à jamais de voir en nous dans les enfants qui nous entourent la haine qui m’obsède. Je veux bannir en toi tout désir de violence. Toute frustration qui engendre ce désir. Je suis la pierre lancée dans les eaux du lac. J’ai fissuré l’armure. Je suis l’écho d’un désir inlassable de paix et d’amour.           

       Je crois en l’amour plus que dans les obus.     
       Je croix à la force du Verbe plus que dans l’argent.    
       Je crois en la création plus qu’en la guerre.     
       Je crois en l’anarchie pour retrouver l’enfance.           
       Je crois en l’Homme, malgré sa difficulté à naître.      
   
Pour vaincre la mort, je vivrai de la nature. Qu’importe le temps, les murs et les prisons. Qu’importe les mots. Demain, par l’alchimie de la Justice, la tendresse aura reconquis la Terre.          

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