Le cadavre
Il s’était étendu
sur le foin dans une étable
le beau Pierrot
complètement nu, à moitié ivre.
Il avait près de lui une demi-douzaine
de bonnes bières et deux verres de vodka.
Il avait pendu sur le mur
un portrait de nu
ouvert une fenêtre
pour sentir dans ses poils
courir les courants d’air.
Et, dans sa bière, la dernière
dansaient trois onces d’aspic.
Il est mort, le beau Pierrot
un verre de bière à la main
une femme nue dans l’oeil
et la queue dans l’autre main.
Il est mort comme convenu
profitant des seuls plaisirs de la vie
n’ayant pas connu ceux de l’esprit.
Et sur un bout de papier
laissé près de son cadavre
le furibond avait écrit
juste avant de mourir :
« Je quitte le monde
comme je l’ai connu
je trouve la mort
en riant très fort
du sublime rigodon
qu’est la vie… »
Extrait d’Hymne à l’amour, le vice et la révolte