Un sourire d’enfer 73
Un sourire d’enfer 73
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Au cours de la même semaine alors que j’entrais à pied à la maison, je me fais klaxonner.
C’était le Cid, le Mexicain que j’avais contribué à faire sortir de la prison de Bordeaux qui m’appelait.
Le Cid m’a dit avoir reçu sa citoyenneté canadienne grâce à mes démarches et la collaboration du journal Le Jour. Non seulement, il était maintenant citoyen canadien, mais toutes les accusations qui avaient été portées contre lui avaient été retirées.
— Je demeure dans le comté de Mercier et j’ai voté pour le Parti Québécois. J’ai longuement hésité. Les libéraux nous disaient que si nous votions pour le Parti Québécois, nous serions tous déportés dans nos pays d’origine.
«Un soir, en allant mené Bourassa dans un restaurant grec, je l’ai vu en compagnie des manias de la pègre. Voyant avec quelle belle famille, il se tenait, j’ai décidé d’appuyer le PQ.», me dit-il.
Était-ce vrai ? Je n’en sais rien, mais le chantage a toujours été la base de la politique des libéraux contre l’indépendance.
Les libéraux sont les vrais terroristes.
Quelques jours plus tard, je me trouvais un emploi dans un bain sauna, rue St-Laurent. Je nettoyais les planchers. J’aimais beaucoup ce travail, car bien des petits vieux me faisaient des yeux doux.
Par contre, les ordres étaient formels, sous menace de congédiement : en aucun temps, nous ne devions accepter qu’il y ait racolage dans les corridors. Nous devions aussi empêcher quiconque d’y introduire de la drogue.
Ted ne voyait pas ma décision du même œil. Il était irrité que je ne profite pas de l’accession du PQ au pouvoir pour me dénicher un emploi. Il a décidé de me faire comprendre à coup de gifles que ma place n’était pas dans un bain sauna.
Pour la première fois de ma vie adulte, j’ai répliqué aux coups. Je lui ai sauté dessus et je lui ai montré, sans le frapper, que j’étais aussi fort que lui. Je me contentais de le retenir parterre.
J’interprétais son geste comme étant celui d’un indicateur de la GRC. À force de me faire critiquer et écraser, j’ai développé une petite paranoïa, basée sur la sous-estime de « moi ». J’ai décidé d’entreprendre des démarches pour aller vivre ailleurs.
Pourquoi Ted voulait-il que je travaille absolument au gouvernement ? Quelles informations espérait-il ?
Ma décision de déménager a été sans retour quand un ami me demanda ce que je faisais avec un indicateur de la GRC. J’étais encore bien plus énervé.
Ted a changé de tactique. Il a trouvé un emploi comme animateur dans un projet « Canada au travail ». L’employeur était la Fédération des Unions de familles, un mouvement de droite.
Ted a proposé que je sois approché pour le seconder dans ce travail, ce qui fut fait avec succès. Ce mouvement de droite était dirigé par un ancien de Sherbrooke qui me connaissait de réputation.
J’hésitais parce que j’étais maintenant convaincu que Ted était un indicateur ; quoiqu’aussi souvent je me disais que c’était complètement impossible. Je me méfiais de ma paranoïa. Quant à mon futur patron, les pressions étaient nombreuses. Tout le monde lui conseillait de ne pas m’embaucher.
Il a décidé de risquer sa chance, et moi, après réflexions, j’ai opté pour le fait que je ne pouvais pas vivre toute ma vie sur le bien-être social. Je devais travailler. J’étais certain de trouver un moyen de travailler, être efficace, tout en ayant pas à craindre de me faire espionner par Ted.
J’ai commencé mon travail en l’orientant sur le problème qui me semblait le plus urgent à résoudre : le logement.
Deux jours après mon départ du bain sauna, j’ai rencontré un confrère de travail qui m’apprit que la veille, la police avait fait une descente. Puisque je venais de partir, certains ont même pensé que je m’y étais infiltré pour la police. Après lui avoir exposé ma position, il a vite conclu que ces rumeurs n’avaient aucun sens. Je détestais alors trop la police pour collaborer avec elle. Si j’avais un indicateur, je n’aurais pas fait deux fois de la prison. Il s’engagea à passer le message auprès de mes anciens boss.
La descente de police a été effectuée sous prétexte qu’il y avait de la drogue. Dans ses recherches, la police a effectué sans raison pour 2,000$ de dommages matériels. La police avait agi en véritable sauvage. Ils savent se comporter en écœurant quand ils ne sont pas forcés de répondre de leurs actes.
La police de Montréal se comporte vis-à-vis les homosexuels (gais) comme de vrais hitlériens. Si elle pouvait tous nous tuer, elle le ferait probablement volontiers avec la bénédiction des Drapeau-Ryan. Elle ne respecte même pas la loi des droits de la personne. Elle brutalise et s’excuse ensuite, si l’opinion publique manifeste une certaine réprobation.
L’époque de mon livre Avant de se retrouver tout nu dans la rue, publié par Parti pris, a aussi été marquée par des événements tristes et marquants.Au début de février, je m’étais rendu à Barnston rencontrer mes parents. J’étais accompagné de Gilles Laflamme qui était devenu un véritable ami. Il faisait aussi des prédictions et réalisait des cartes du ciel. Selon ses prédictions, je mourrai dans la mendicité et les souffrances les plus totales. C’est bien parti pour ça, mais pour l’instant, je suis encore assez béni des dieux. Les autres tireuses de bonne aventure m’ont prédit des événements complètement différents : dans un cas, je suis supposé devenir très riche; dans l’autre, je finis sur une île entourée de petits gars et j’écris sur la philosophie, ce qui me rendrait assez célèbre pour être reconnu durant des décennies après ma mort.
Mes prédictions sont tellement contradictoires que je n’en crois aucune. La vie sera ce qu’elle sera.
Gilles a lu dans les mains de tous, sauf mon père.
Papa était très heureux d’apprendre que j’avais un nouvel emploi et que je travaillais à écrire un livre sur le problème du logement.
Il me croyait d’autant plus devenu sage que j’habitais avec une petite amie, la belle Hélène. Celle-ci devint différente sous l’influence des féministes. Alors qu’au début, nos interrogations sexuelles étaient au centre de toutes nos préoccupations, de nos aventures, de nos recherches ; à la fin, elle mesurait au quart de pouce la vaisselle et les planchers pour être certaine que » la femme n’en fasse pas plus que l’homme ».
Cette vision du féminisme était à la mode. Je trouvais Hélène très belle et très ouverte. De plus, je venais de retrouver une de mes cousines qui avaient été une de mes flammes quand j’étais petit. Ce fut une période où les femmes comptaient beaucoup dans tout ce que je faisais. Pour elle, ma pédérastie était un objet de curiosité plutôt qu’un motif de culpabilisation. On me regardait vivre et on était bien d’accord que ma façon de vivre ma petite nature était profitable aux jeunes.
Après m’avoir laissé, la petite Hélène se maria à un Algérien, je crois, et finit par se suicider. L’Islam est condamnable ne serait-ce que pour sa façon de percevoir les femmes. Les hommes ne comprennent pas encore qu’on ne peut pas vivre comme à l’époque de Mahomet. Les femmes sont nos égales. Dans ma tête, l’égalité de la femme est aussi essentielle pour modifier la vie que l’acceptation de la pédérastie, car dans l’avenir, l’individualisme sera une valeur plutôt qu’un obstacle à la socialisation.
En visite, j’étais parti prendre une marche avec Gilles. Devant le cimetière, je me demandais qui était enterré sous la neige près de la clôture. J’avais beau chercher, je ne trouvais pas. Je m’y suis rendu pour voir, mais je n’appris rien, car il y avait trop de neige pour pouvoir lire sur les monuments.
Gilles me reprocha d’avoir dérangé les morts.
De retour à Montréal, je dus me rendre un bon matin à l’hôpital pour des examens à l’estomac comme d’habitude. Je pensais à papa et j’ai décidé de lui dédier mon prochain livre Laissez venir à moi les petits gars. Dans ma tête, c’était le meilleur moyen de lui rendre hommage. Même si papa n’acceptait pas ma pédérastie, il m’aimait bien et je l’admirais pour son courage. Il a toujours fait en sorte que nous ne manquions de rien, même si on était huit enfants vivants et il aida de nombreuses familles à se tirer de la misère.
Quand je suis arrivé au bureau, on me dit qu’on avait une très mauvaise nouvelle à m’annoncer. Papa venait de mourir. Quel choc ! Quelle peine !
Ce n’est que quelques mois plus tard que je rêvais à lui. Il me montrait un mur que je trouvais affreusement laid, on aurait dit un paquet de merde. Il me fit avancer avec lui et je pouvais de plus en plus distinguer qu’il s’agissait d’une forêt. Elle était de plus en plus belle. À la fin, j’étais estomaqué de constater comment ce monde était merveilleux. Et c’est alors qu’il me dit que s’il en était ainsi c’est que chaque branche d’arbre était un petit gars de qui j’avais été amoureux. J’en ai déduit que de l’autre côté mon père a pu vraiment juger ce que je vis.
J’ai continué mon engagement social après l’aventure de Cinq-FM. Je suis devenu président d’une section de la SSJB de Montréal. On l’appelait la section Plateau Mont-Royal.
Par contre, nous avons été blâmés, Gilles et moi, pour notre façon d’avoir agi à la radio par le Conseil de Presse. Ce fut, je crois, le début de mon rejet de toutes institutions. Je trouvais leur décision carrément injuste. Notre système est crapuleux en ce qui concerne la démocratie et la liberté d’expression. Une société d’hypocrites.
La société accepte des compromis inacceptables. Pour elle, la vérité ne compte pas. Cela confirmait que pour tout le monde, je suis un objet à rejeter. Que j’aie raison ou tort, tout ça n’a pas d’importance. Il ne faut pas m’écouter parce que je suis pédéraste. Et selon eux, un pédéraste, c’est un pervers.
J’ai travaillé six mois à la Fédération des Unions de famille : le temps d’organiser un colloque sur le logement et de publier avec Parti pris, mon livre sur le logement : Avant de se retrouver tout nu dans la rue, un livre essentiel pour comprendre le problème du logement. C’était la première fois qu’un livre traitait du sujet.
Ted mit tous ses efforts pour torpiller le sommet sur le logement et le récupérer pour la go-gauche. Je paniquais au travail sans exprimer mes doutes sur les allégeances de Ted. J’écopais de tous les reproches des patrons de l’Union des familles.
À cause de mes doutes, je ne pouvais pas trop compter sur Ted. J’étais convaincu qu’il ne ferait pas son travail pour faire échouer mes efforts. Au colloque, il n’a même pas vérifié la qualité du son, ce qui entraîna la faillite complète de tous les vidéos qui ont été tournés.
Les patrons me percevaient de plus en plus comme un extrémiste ; j’étais le premier soupçonné dès qu’il y avait une menace d’avoir un témoignage marxiste.
Je voulais seulement laisser tout le monde s’exprimer. Quand les responsables des mouvements de go-gauche empiétaient sur le temps des autres, j’étais immédiatement perçu par les patrons comme celui qui avait tout manigancé en ce sens. Ils songèrent même à me congédier sur le champ.
Après discussions, ils durent convenir que j’avais simplement fait montre de sagesse en intervenant pas, laissant ainsi le débat prendre de la qualité en profondeur. Cela a aussi permis un compromis qui empêcha le colloque d’éclater en plein milieu des discussions tant les tensions étaient grandes.
En plus d’avoir toujours été dans l’eau bouillante, j’ai produit le livre dans un temps record, quoiqu’il ait des centaines de pages de plus que prévu. Parti pris n’appréciait pas que le manuscrit ressemble plutôt à un brouillon. J’étais convaincu que dans les circonstances personne n’aurait pu faire mieux.
J’ai réussi à écarter Ted en l’orientant sur un autre projet alors que je travaillais sur celui que j’avais créé. Je ne l’informais jamais, ce qui fit monter les tensions entre nous à un tel point que les dirigeants ont cru que le projet n’arriverait jamais à se rendre à terme.
Ce fut une expérience extraordinaire, mais épuisante. Je me sentais déjà brûlé après six mois. Malheureusement, la Fédération des familles ne voulait pas me réengager pour poursuivre l’expérience en septembre. La raison état bien simple: je publierais avec Parti pris mon livre Laissez venir à moi les petits gars.
C’était pour le moins que l’on puisse dire incompatible avec leur philosophie. La Fédération est un mouvement de droite et ce livre est une dénonciation de l’hypocrisie et de l’oppression inhumaine de l’Église face à la pédérastie.
Comme il fallait le prévoir, un pays qui se pourfend à se prétendre le royaume de la liberté d’expression me forçait à me taire et avaler ma pilule.
Le problème avec les humains est que nous sommes pour le reste de notre existence marqués par les premières années de notre vie. Tout se passe avant six ans. Nous évoluons au fur et à mesure que notre corps se transforme. Notre capacité intellectuelle est correspondante à ce développement physique puisque maintenant on sait que le cerveau se développe tout comme le corps jusqu’à notre vie adulte. Nos réactions, nos impulsions sont les effets créés par les sécrétions chimiques ou électromagnétiques d’hormones dans notre corps.
Nous sommes beaucoup plus dépendants de notre corps que les religions nous l’ont appris. Les religions nient le corps et sa beauté. Une erreur fondamentale car si Dieu avait créé quelque chose de mauvais, il ne serait qu’un sale. Je n’en étais pas encore à me demander si nous avons été créés par Dieu ou le fruit de l’évolution. Freud disait que nier la mort est une forme de schizophrénie. Il y ajoutait une vie après la mort. Le problème dans le monde ce n’est pas la sexualité, mais la violence.
Je suis devenu un adulte simplement plus lentement, plus tardivement que les autres. J’ai passé ma vie à me percevoir comme un être inférieur. J’étais fort comme un pou depuis ma naissance. J’étais plus noir qu’à la normale. J’apprenais à l’école qu’il faut devenir quelqu’un, influencer le cours des choses ; mais je n’avais rien pour y parvenir. Je m’accrochais à ce qui me semblait mon point fort. Croire que la vie est belle.
Quand j’ai découvert plus tard le corps des autres, je me suis mis dans la tête comme bien des petits gars que j’avais un zizi très peu développé comparativement aux autres, ne sachant pas que j’étais dans le plus normal des normal. La grosseur et la longueur ne sont pas les mêmes pour tous et surtout pas les mêmes pour tous à un certain âge donné. Si j’avais pu en parler, ça aurait changé les choses. J’aurais su que ça change vers 13-14 ans, plus tôt, pour les plus précoces. J’étais bourré de complexes sans le savoir et si je n’avais pas voulu autant me comprendre, je n’aurais jamais eu la liberté d’esprit que j’ai maintenant.
Malheureusement, je suis trop vieux pour recommencer les luttes d’antan. J’ai énormément lu et assez vécu pour me poser de nouvelles questions. Je suis capable de prouver que notre société est absolument arriérée quand il s’agit de sexualité. Nous voyons la sexualité comme l’Église nous l’a enseignée.
En fait, j’ai commencé ma vie d’adulte, avec l’enseignement. J’ai commencé à vivre, le jour où j’ai cessé d’avoir peur. J’ai commencé à vivre quand j’ai cru en moi.
J’essayais de comprendre pourquoi je suis ce que je suis. Ma vie sexuelle était sûrement un facteur prépondérant. Ma pédérastie était une forme de fixation à ma vie d’enfant.Je n’avais jamais été réprimé et puni pour mes agir sexuels pour la simple raison que mes parents ne le savaient pas et que pour moi il n’y avait rien là. Une manière de voir les choses qui n’a pas changé d’un iota. Ma sexualité était comme pour tous les enfants du monde un geste de curiosité. Un plaisir a partagé. J’étais plus normal que l’enseignement de l’Église sur le sujet.
Pour moi, comme à l’époque de la Grèce antique, la sexualité était bonne, un plaisir. La société était un frein à mon évolution. Un arrêt dans mon évolution parce que la société me privait de vivre une relation physique avec ceux qui me fascinaient. Elle m’empêchait de me créer une morale personnelle. Je ne l’acceptais pas parce que les lois à ce sujet sont ridicules et basées sur la peur et non su la compréhension et la responsabilité.
On fait toujours croire qu’il y a de la violence, des traumatismes dans des rapports pédérastes alors que c’est absolument faux. Ces relations sexuelles sont la recherche du plaisir et non la recherche d’un pouvoir. Le pouvoir est une obsession d’adulte.
La peur de la pédérastie est une projection de sa propre peur de la sexualité. La peur de la pédérastie est une peur de l’homosexualité. C’est la peur de l’autre.
Notre société veut tout niveler. Elle n’accepte que l’hétérosexualité et prétend que le seul but de la sexualité est la procréation. Cette conception est basée sur l’ignorance puisqu’elle ne fait aucune nuance entre la sexualité, basées sur l’affectivité, et la génitalité strictement localisée aux organes de plaisir.
On ne fait aucune différence entre un pédéraste et un psychopathe. On essaie de nous faire croire que toutes relations pédérastes reposent sur la sodomie, ce qui est loin d’être vrai pour tout le monde.
La sodomie est un choix individuel. Dans le code pénal, c’est un acte visé en particulier. La sodomie, à mon avis, ne se réalise pas sans douleur, ce qui la rend très peu intéressante.
D’autre part, la société idéale que j’avais perçue dans ma compréhension de l’Évangile devenait une société hautement hypocrite. Fais ce qu’on te dit, non ce que l’on fait.
L’instruction, le savoir, me révélait que ceux qui nous prêchent cherchent à nous diriger, à nous écraser pour conserver leur pouvoir. Ce sont des exploiteurs. Ils nient les connaissances de la science. Comment peut-on croire sans douter ? Qui peut affirmer sans crainte de se tromper que ce qu’on nous enseigne s’est vraiment passé, il y a plus de 2,000 ans ? Qui peut en témoigner, personne de cette époque ne vit encore ? Comment Lazare pouvait-il être mort, ressuscité et mourir encore ? Ça n’a pas de sens. Mais, réfléchir à partir des textes bibliques me semblait toujours un moyen de rechercher la Sagesse.
Je n’ai jamais été un être docile qui accepte tout ce qu’on veut lui faire croire. Je veux et je dois d’abord comprendre. Et, pire j’ai appris chez les Jésuites que ma vision de la religion était d’une naïveté sans borne. La religion repose sur l’ignorance et l’émotivité. Les Jésuites m’ont ouvert les yeux.
La vieillesse est un autre stade que je vis présentement. On se met physiquement à reculer avec la dégradation physique. Qu’on le veuille ou non, notre vie intellectuelle, émotive, spirituelle dépend de notre corps. Le corps est l’instrument de la perception et de l’interprétation de notre réalité. Si le corps se dégrade trop, l’esprit en est affecté.
Par contre, nous ne sommes pas qu’un corps. Il est seulement le conducteur de la vie. Le « Je », notre conscience, se forme et se dégage pour enfin se distinguer du grand tout énergétique qu’est notre réalité totale, réelle. C’est une des plus grandes découvertes faites sur nous, les humains.
Nous ne sommes pas ce que nous pensons être. Nous sommes une infiniment petite énergie perdue dans un univers infiniment grand. Pouvons-nous être en contact avec lui et en être conscient ? Notre destin est-il autre chose que le fruit de notre contact avec notre environnement ? Un hasard intelligent, comme disait Einstein.
La faculté la plus essentielle est la conscience. Sans elle, nous existons, mais nous ne le savons pas ? Est-ce ça la vie après la mort ? Un trou absolu. Une énergie qui ne sait même pas qu’elle existe ? C’est elle, la conscience, qui interprète tout. Nous sommes la continuité de l’existence de la vie et notre corps est l’instrument de conscience qui nous permet de s’en apercevoir. C’est la réponse à la grande question à savoir s’il y a une vie ou non après la mort. Cette question, cette peur est à la source des religions. Ce sont des interprétations qui mises au service des institutions devient une force plus grande que les multinationales.
Enfant, sans qu’on puisse réfléchir, nous développons nos qualités et nos défauts. Nous sommes alors à la merci de notre environnement. Nous ne pouvons pas avoir déjà un esprit critique simplement parce qu’on n’a pas assez d’expériences pour pouvoir mesurer les événements. Nous ne pouvons pas nous défendre. Nous sommes une éponge. C’est la raison fondamentale pour laquelle je suis contre la pédophilie. Le pouvoir de choisir qui à mon avis est inexistant avant au moins 10 ans. À partir de 10 ans, la force des hormones entre en ligne de compte et réveille nos besoins sexuels. Nous sommes un individu plus complet.
Les religions tiennent absolument à être vécues et enseignées dès l’enfance parce qu’elles produisent ainsi une empreinte indélébile qui agira sur nous le reste de notre vie. .
Elles peuvent ensuite diriger tous les gestes et toutes les pensées. C’est la raison fondamentale pour laquelle il ne faut pas que les religions ne soient pas enseignées à l’école, du moins, avant le cégep. C’est trop tôt pour qu’un individu puisse en toute liberté se créer une conscience personnelle. La seule voie pour enseigner les religions plus hâtivement est le respect que tous doivent avoir les uns envers les autres et le droit de ne pas penser comme tous, tant qu’il n’y a pas de violence.
La confession avait le pouvoir absolu sur notre vie intellectuelle et émotive. Le philosophe Foucault démontre dans ses écrits le pouvoir de l’aveu et de la confession dans la vie quotidienne des gens au 17è siècle. La confession est au centre de la répression sexuelle. Ce fut l’instrument privilégié. Ce fut ensuite les médecins qui ont inventé tout un vocabulaire monstrueux de manière autour de la sexualité de manière à développer une forme de haine des déviances sexuelles que l’on n’arrivait pas à expliquer. On a alors créé un index de ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Évidemment, tout tenait sur la fréquence des comportements rencontrés. Évidemment, en niant la sexualité des enfants, la masturbation ou la précocité devinrent des comportements à proscrire.
La religion est un héritage familial, culturel. Ce savoir sera une empreinte qui te marquera toute ta vie. Elle dirigera tes croyances et ton jugement sur tout ce qui adviendra dans le futur. .Nous apprenons à réagir devant ce qui nous rend heureux ou malheureux. Nous ingurgitons la vie quotidienne et sans s’en rappeler plus tard, ce sont ces événements qui feront de nous ce que nous sommes. Ils créeront notre inconscient. La religion forme notre émotivité. Notre capacité à juger grâce à notre faculté de comparaison.
Plus nous sommes riches d’expériences, plus nous sommes capables de porter un jugement. De plus, notre mémoire alimente nos décisions, notre esprit critique. Il est donc normal de s’assurer que ce qui nous marquera soit quelque chose qui améliorera notre jugement et non des explications imaginaires comme dans les religions.
Les expériences créeront notre capacité à saisir les choses en dehors de leur apparence, c’est-à-dire qu’avec l’adolescence, il ne se produit pas que des changements physiques, mais notre capacité intellectuelle s’arme d’un autre pouvoir, celui de la symbolisation et les hormones orientent différemment nos besoins.
Les événements ne reproduisent plus nécessairement qu’une réalité. Nous devenons capables de les comparer, les classer et réagir différemment, même de ce que l’on nous a appris. Avec ce nouveau pouvoir intérieur, on peut former notre propre jugement, notre propre morale.
Avec l’adolescence, on devient enfin « soi-même ». On est capable de plus en plus d’évaluer les situations. L’autonomie est le but fondamental de l’éducation.
Bébé, nous cherchons à obtenir l’amour de nos parents et de nos petits copains/copines puisque nos sentiments deviennent une partie de soi. Presque tout est de l’ordre du non verbal au point de vue émotif, ce qui constitue notre prise de conscience et notre mémoire émotive. C’est pourquoi les enfants qui ont été caressés génitalement par leurs parents dans le cadre de leur culture ont une personnalité plus heureuse, plus stable et plus épanouie. Ces sociétés ne font pas face au suicide à l’adolescence parce que les enfants ont connu, grâce aux parents, ce qu’est la stabilité et le plaisir. Ils ne sont pas divisés par la dualité corps esprit comme dans nos religions. Ils n’ont pas honte d’être sexués. Ils obéissent à la leur nature qui à travers les expériences de vie modèle une morale personnelle.
À partir de l’adolescence, nous créons notre propre personnalité. Enfant, on se développe en imitant les autres et en craignant de ne pas être aimé, ce qui nous guidera durant toute notre vie d’adulte. Comme le disait mon bon ami Freud, dans le développement d’un individu, la personne peut demeurer fixée à un stade de développement, régresser vers un autre, ou sublimer un besoin que l’on arrive pas à admettre dans notre personnalité. C’est ainsi que la sexualité fut remplacée par l’argent, les biens, le pouvoir quand on n’arriva pas à vivre une vie sexuelle intéressante. Une sublimation qui a marqué notre civilisation.
Je crois que dans mon cas, le fait d’avoir vécu avec un curé qui me confessait presqu’à tous les matins parce que je m’étais masturbé la veille a été une façon de me déculpabiliser, car je pouvais ainsi continuer de communier et de vouloir devenir un petit saint, objectif de tout bon chrétien poursuit malgré ses faiblesses. .
Ce qui était intéressant dans la religion catholique, c’est que la confession était devenue avec le temps un moyen de te déculpabiliser. Va, mais ne pêche plus. Tu pouvais pécher, mais avec l’absolution, tu redevenais blanc comme neige.
C’est sans le vouloir ce qui à mon avis confère au christianisme sa supériorité sur les religions plus scrupuleuses et par conséquent moins humaines. Il laisse une place à l’erreur. Personne n’est parfait et ce n’est pas une raison pour s’haïr… On ne peut aimer les autres si on ne s’aime pas soi-même. C’est la suite normale du « Connais-toi toi-même », de Socrate.
La majorité des Québécois ne savent pas que la Grèce antique, le pilier de notre civilisation, a déjà existé et favorisé l’amour pédéraste.
La pédérastie était même une fierté. Cette ignorance du passé est normale puisqu’on en parlait un peu qu’à la fin de notre cours classique. Avant, on avait pour références que les écrivains qui s’acharnaient contre l’homosexualité. Personne ne se levait pour combattre cette fausseté. Qui veut passer pour un malade mental ?
En fait, je me rends compte que la peur idiote de la sexualité transmise par les féminounes actuelles est la même que celle de la religion quand j’étais petit.