Un sourire d’enfer 63
Un sourire d’enfer 63
Pour ma part, je ne comprenais rien aux différents scrupûles. Je n’ai jamais été trop vite sur le plan sentimental. Je trouvais pénible de parler de quoique ce soit, particulièrement avec les filles.
La vie, la vraie vie, c’était le jeu et rien d’autre. J’imagine que c’est la même chose pour tous les jeunes. Les adultes sont hypocrites en refusant de se rappeler leur passé. D’ailleurs, c’était tellement vrai que la sexualité occupait un espace privilégié qui nous faisait peur sans que l’on sache pourquoi ; mais c’était ainsi.
Puis, avec les journaux, on nous faisait encore plus peur quand il était question de jeunes qui avaient été décapités par de méchants bonhommes. On s’imaginait qu’on devenait fou ou tueurs si tu jouais trop aux fesses, comme nous l’enseignaient les religieux. On associait les boutons, la surdité à se masturber. Un plaisir qui devenait automatiquement objet de peur. Une peur à venir comme si tu es plus marqué par le plaisir que par le mensonge de leur enseignement.
La peur permettait aux adultes «d’élever» leurs enfants. Contrôler le sexe, c’est contrôler les humeurs. Un frustré est souvent de mauvaise humeur, un enfant maître de sa sexualité est moins obéissant, car il est plus autonome.
Si la société éduque par la peur, elle a des grands chances qu’un jour on s’en aperçoive. C’est ce qui m’est arrivé.
Si la société allait trop loin dans sa rigidité, l’école libre allait trop loin dans sa liberté. Les jeunes n’aiment pas l’autorité, mais veulent se sentir encadrés, aimés, sécurisés.
La seule loi quand j’étais jeune : on ne frappe jamais une femme. Je ne sais pas si ça contribué à l’idée que je me suis fait d’elle, en ce sens, que j’ai toujours préféré vivre sans femme. Je n’en ai jamais trouvé une qui n’essaie pas un moment donné de tout mener. Mais, je n’ai jamais douté un instant de l’égalité de l’homme et de la femme. Des différences, certes.
Les femmes comme tous les hétérosexuels mâles sont incapables d’accepter l’existence des pédérastes. L’existence de la pédérastie remet en question leur façon de voir les rôles dans la société. Ce qui prouve bien que l’éducation est ce qui définit en grande partie le comportement social.
Même les gais rejettent les pédérastes pour ne pas être accusés d’être des corrupteurs d’enfants. Ils ont déjà oublié ce qu’on disait d’eux, il y moins de 50 ans.
Pourtant, si on veut accepter l’homosexualité, on doit reconnaître que les relations interpersonnelles, les formes de «cruising» sont différentes parce que le danger de faire des enfants n’est pas bien grand. Même je siphonnais mon partenaire sans arrêt, ça ne donnera jamais un enfant fort et ça ne remplacera jamais une soupe.
Les homosexuels se comportent comme les hétéros et doivent se marier pour être acceptés par la société. Il y a une réalité émotive, mais pourquoi faut-il se marier sinon pour des raisons économiques ? Les sentiments sont à l’origine de la vie de couple. Il n’y en pas qu’une sorte. Le refus de la pédérastie que l’on mélange à la pédophilie est parfois incroyable.
Une fin de semaine, une année plus tard, une femme qui m’aimait bien est venue me retrouver dans mon lit. Nous avons bien partagé sa décision. Nous avons passé la nuit ensemble. Le matin, deux petits gars sont arrivés pour partager ma couche. Nous avons insisté sur notre besoin d’intimité. La pauvre femme n’a jamais voulu se rendre à l’évidence. Pour elle, je serais bientôt un hétérosexuel comme les autres, car, j’avais manifesté pas mal d’intérêt à son endroit durant la nuit, particulièrement le matin, quand mon petit zizi avait le nez en l’air et les joues gonflées.
Ce qui est affreux c’est qu’on a trop honte d’enseigner aux jeunes comment vivre une vie sexuelle intéressante et les gestes capables de procurer du plaisir. On devrait avoir une littérature sur le sujet disponible dès l’adolescence.
À mon avis, c’est anormal de catégoriser la sexualité en groupes : féministe, lesbienne, gai. Ce sont des gestes de discrimination. Nous sommes tous des humains et ces catégories n’ont aucune raison d’exister.
Peu après, cet épisode au cours duquel Donald avait prouvé le même intérêt pour le sexe que les autres, les nouvelles animatrices ont commencé à comploter durant mes absences pour que je sois écarté de l’école. La vérité les rendait malades.
La liberté sexuelle était déjà bannie. Les adultes voyaient-ils dans l’école une justification à leur besoin propre de liberté ? Vouloir expérimenter une nouvelle forme de vie scolaire permettant d’expliquer les changements qu’on voudrait apporter dans sa vie sexuelle. Ça permettait de justifier le libre échangisme entre adultes et ça questionnait en même temps le sens de la sexualité dans notre société.
L’école libre était un laboratoire plus poussé que Summerhill même.
Quand je suis arrivé, j’avais informé tous ceux qui étaient responsables de mes goûts. C’était un moyen de m’assurer que je ne profiterais pas de la situation, mais que j’apprendrais enfin ce que sont vraiment les enfants.
Est-ce que ma fascination pour Summerhill était une erreur ? Un enfant peut-il mieux évoluer s’il est dans un contexte de liberté absolue ? Si on est absolument libre, pourquoi interdire le sexe ? C’est une chose normale et une bonne. Pourquoi le sexe serait-il mal, puisque c’est la partie la plus fascinante de l’évolution de la vie et de l’humain ? Le sexe doit être vu comme le mal seulement pour justifier toute forme d’interdit.
Même si elles se voulaient libérées, ces animatrices croyaient intérieurement dans le mal quand il s’agit de sexualité. Leur éducation refaisait surface malgré elles, car la vie des jeunes touchaient leur point sensible : la peur du sexe. Tout peut être libre, sauf le sexe. Pourquoi ? Ça toujours été de même. Le sexe est u n plaisir s’il n’y a pas de violence ou de domination. Et, ce n’est aux autres de décider si ce rapport existe entre deux individus.
Leur façon de penser n’avait rien de commun avec les buts de l’école libre comme le voyaient les initiateurs de ce projet.
Quand je suis arrivé à l’école, le principe fondamental était la liberté absolue. Que les enfants décident totalement de leur vie était la vérité fondamentale. On croyait qu’un enfant laissé libre apprenait plus vite et mieux que dans un système rigide, organisé, encadré. .Les adultes n’avaient pas droit d’intervenir, interagir à moins d’être invité par les enfants.
Ce fut un des premiers points que j’ai remis en question. Comment les enfants pouvaient-ils vivre dans un cocon où aucun adulte n’existe ? Ce n’est pas la réalité. Comment peut-on vivre d’égal à égal si on nie l’existence d’une partie de la réalité ? Pourquoi toujours séparer les adultes des enfants comme on séparait jadis les gars des filles ? L’influence. La vie n’est qu’influences. On n’est pas des robots.
Les nouvelles animatrices ne cherchaient pas une nouvelle formule d’école afin de permettre un plus grand épanouissement individuel des jeunes, mais une école dont la façon d’enseigner était différente. On voulait enseigner sans travailler.
Pu besoin de préparer sa classe d’avance, c’était le jeune qui décidait des cours qu’il suivrait, selon son appétit du jour. L’adulte demeurait strictement en position de disponibilité.
On a vite constaté chez les gars particulièrement que le jeu prenait tout l’espace.
Le deuxième constat : libre les garçons écrasent les filles.
Mais, elles persévéraient à croire que l’autonomie des jeunes va jusqu’à leur laisser faire tout ce qu’ils veulent, sauf la violence qui était totalement non acceptée.
C’était passionnant, mais ça risquait d’être un laboratoire adulte aux dépends des jeunes. On s’est vite rendu compte que c’est encore plus difficile d’enseigner dans un contexte où l’enfant est totalement libre. On a beau croire dans l’égalité, mais les enfants sans règle, sans discipline rendent la vie infernale. La pureté des enfants c’est une imbécillité d’adultes. Les enfants ont déjà leur caractère et leur défaut.
Dès que la liberté des jeunes s’est manifestée sous forme sexuelle, ces disciples de la liberté absolue ont perdu la tête. Tout, mais pas ça. Un gars ne pouvait surtout pas choisir librement l’homosexualité. On oubliait qu’enfant, son zizi a autant d’importance que de manger. C’est une partie naturelle de son corps.
Freud établit que l’homosexualité est une phase normale, majoritaire, chez les adolescents. C’est un passage presqu’obligé, même si ce n’est pas universel. Un passage qui survient à différents âges, selon chacun, surtout dans un monde où la sexualité est réprimée.
Le petit gars hétéro initié par sa gardienne ou sa petite amie ne recherchera pas à vivre l’homosexualité, sinon pour vérifier s’il a bien les instruments normaux de grosseur et de longueur comme tous les autres gars. Si la pornographie est le seul moyen de répondre à sa question, il ira voir. C’est d’ailleurs pourquoi la pornographie est néfaste pour certains garçons qui ont un plus petit zizi que ceux qu’ils voient sur internet.
Ce fut mon cas, bien avant, internet. Une raison pour se mésestimer. Ça explique probablement mes besoins insatiables que j’avais d’effectuer beaucoup de vérifications visuelles et tactiles. C’est devenu une passion, même si le médecin m’a affirmé plus tard que j’étais dans ce qui y a de plus normal.
Chez les femmes, la même appréhension semble exister quant à la grosseur des seins. On nous apprend à voir honte de notre corps à travers le scrupule.
Une des animatrices étaient particulièrement agressive à mon endroit. On aurait dit qu’elle ne me pardonnait pas de lui préférer les petits gars. C’était comme si ce choix d’orientation sexuelle la diminuait. Un mâle qui n’a pas besoin d’une femme, c’est affreux.