Radioactif 175
Radioactif 175
30 Septembre 2007
Chez les frères.
L’année suivante fut celle du grand changement. Au lieu de poursuivre l’école à Kingscroft, nous devions aller au collège Sacré-Cœur, à Coaticook.
C’était la première fois que mes enseignants étaient des hommes.
Ça ne changeait pas grand-chose, sauf que les jeunes avec qui j’étais étaient plus vieux et plus tumultueux. Je devais écouter pour comprendre les farces nouvelles qui abondaient. Ils étaient cependant loin de m’atteindre comme le petit Patrice. Et, je devais en faire un peu plus pour être remarqué.
L’année précédente, j’avais écrit un texte de commentaires sur les émissions de télévision qui fut non seulement publié dans le journal, mais commenté à la télévision. L’ayant appris par ma marraine, Médora Turgeon-Simoneau, de Magog, j’ai demandé au représentant du journal quand il se présenta chez-moi, si je pouvais en avoir une copie.
ll me demanda si j’étais intéressé à devenir le correspondant du journal à Barnston, ce que je m’empressai d’accepter quoique je ne croyais pas que l’on m’accepterait.
Les prédictions de M. Robert Breault, le secrétaire de la municipalité de Bantson, se concrétisaient.
Inutile de dire que ce nouveau métier m’intéressait mille fois plus que mes études.
J’ai eu ma première page frontispice quand j’étais à Barnston et qu’un vagabond se vola à manger dans le frigidaire des Arnold.
Être journaliste était dorénavant tout ce qui m’intéressait. Mais, je devrai aller vivre à Sherbrooke.
30 Septembre 2007
Cours spécial.
Au cours de l’année, le frère responsable de ma classe de français, à Coaticook, le Frère Vianney, a décidé d’organiser une période spéciale dans un cours pour me forcer à étudier et faire mes devoirs. C’était clair pour tous. J’étais le responsable de cette mesure spéciale et de ce traitement de faveur pour les élèves de onzième année.
Je ne sais pas pourquoi ce frère était si intéressé à me voir réussir en classe.
Puisque je travaillais sans cesse depuis qu’il avait inventé ce régime de faveur, il était fier comme un paon. Ça duré jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’au lieu d’étudier, je rédigeais mes articles pour le journal. Ce fut la colère totale.
Puisque durant l’année, je n’avais pas les points nécessaires pour réussir quand vint le temps des examens et de la vengeance, il me mit seul dans un coin pour être certain que je ne puisse pas tricher. À cette époque, tu passais l’examen du Ministère et tu passais ton année.
Les frères s’arrachèrent les cheveux quand ils apprirent que j’avais réussi haut la main, avec plus de 70 pourcent. Quand je me suis présenté chez le directeur pour avoir mon diplôme celui-ci me fit remarquer que je ne le méritais pas. J’ai simplement rétorqué : « Je m’en fiche, vous êtes obligé de me le remettre quand même. »
Quand j’ai enseigné, beaucoup plus tard, tous mes cours commençaient par une période d’écriture. Cela me permettait d’être plus près de mes élèves et de mieux encadrer leur développement imaginaire. C’était affreusement plus de travail puisqu’en plus de corriger tous les « journaux de bord », je me permettais d’y ajouter des commentaires.
J’ai un étudiant que j’ai pu ainsi sauver du suicide car en s’écrivant j’ai pu dépister la mauvaise relation qui existait entre lui et son père.
Je n’ai pas adoré enseigner pour rien. J’avais l’impression d’avoir une vraie raison de vivre, soit d’aider des jeunes à devenir autonomes.