Alain Bouchard
Quand j’étais petit, les adultes détestaient deux choses : les fifis et les filles-mères.
Dans les deux cas, c’était la honte absolue. Aucune haine n’était assez grande pour prouver aux autres votre antipathie pour ces pervers.
Il ne fallait pas parler de sexe, surtout devant les enfants, et si par malheur tu étais gai et que ça se savait, tu pouvais même être mis hors de la famille. La haine des homosexuels était même physique.
Pour empirer les affaires, des malades sortis de prison tuaient de jeunes garçons, dont un certain Dion, de quoi rendre encore plus fous ceux qui faisaient la guerre à tout ce qui était sexuel. Une obsession que les curés répandaient chez tous les névrosés du pays.
Heureusement des gens comme le psychologue Alain Bouchard essayaient de semer un peu de tolérance et de compréhension dans l’esprit des gens face à la réalité gaie. La tolérance et la vérité.
C’est dans cet esprit que je fus conférencier à quelques-unes des ateliers de M. Bouchard pour parler de pédérastie, cette pédérastie qui était en Grèce antique le summum de l’amour. Comment peut-on vivre cette réalité dans le monde moderne, sans violence et dans le respect de l’autre? À cette époque, la liberté d’expression existait encore.
Je voulais aussi que l’on comprenne que la haine sociale contre les pédérastes pouvait pousser ces derniers à vouloir, par peur, se débarrasser de leurs victimes pour ne pas avoir de témoins. Je souhaitais que l’on cesse de faire tout un plat avec la sexualité, car c’est une réalité humaine, sans plus.
Sans que je le sache alors, cela a valu à Alain Bouchard d’être taxé de pédophile par Mme Denise Bombardier, ce qui était absolument faux. M. Bouchard gagna son procès pour diffamation.
Plus tard, en 2012, on me chassera du monde littéraire en dénonçant le titre d’un de mes livres. Pour eux, essayer de faire comprendre ce qui leur semble l’horreur, l’enfer, est le crime le plus abominable. Et nous vivons dans une société de plus en plus scrupuleuse et automatiquement plus violente.