Un sourire d’enfer 74 (fin)
Un sourire d’enfer 74 (fin)
Les jeunes n’existaient pratiquement pas pour les adultes. On ne nous faisait pas de grands sermons sur le danger des méchants vieux messieurs qui auraient pu avoir le désir de toucher à notre petit zizi ; mais on commentait les journaux. Ce qui était aussi pire.
La peur du sexe est une peur féminine. Une peur qui nous vient de la religion, mais aussi de la télévision. La peur des autres, une paranoïa. Le mépris que les femmes ont d’elles-mêmes parce qu’elles sont femmes et se proclament victimes.
Jusqu’à l’adolescence, le danger sexuel ne nous transperce même pas régulièrement l’esprit. Même les plus vicieux n’y songent probablement pas davantage.
À cette époque, la sexualité était le dernier de mes soucis. Surtout que j’étais trop idiot pour comprendre les mots employés par les adultes correspondaient parfois à mes tentations amicales. Ce discours venait dans les cours d’écoles, à la cachette. Certains essayaient même de se prétendre mieux bâti que leurs chevaux alors que les autres comme moi pensaient que ce petit tube ne servait qu’à faire pipi.
Mieux encore, nous n’avions pas la télévision pour présenter une bande de vieilles obsédées sexuelles qui essaient de nous faire croire que l’on pouvait être en danger en jouant aux fesses ou en voyant de la chair fraîche. Le scrupule traumatise plus que le plaisir.
Ces femmes projettent leur peur et leur dégoût du sexe sur leurs enfants. La peur du sexe est une obsession féminine. Si elles ont eu un peu de plaisir, il est évident qu’elles seront un peu plus ouvertes d’esprit. Le sexe ne sera pas un sacrifice exigé par la Bible. Il ne faut pas oublier qu’en 1967, les Québécois(es) ont souffert le martyr quand des noires d’Afrique sont venues en spectacles nous montrer de très beaux seins. On a du chemin à parcourir pour se sortir de la grande noirceur.
Je me rappelle aussi que mes parents avaient discuté d’articles de journaux jaunes où on racontait comment certains garçons avaient été déchiquetés pour le plaisir sexuel d’un vieux cochon. Je n’aurais jamais cru que de souhaiter que M. Pope me mette la main entre les deux jambes aie d’une certaine manière un rapport avec ce danger. Je rêvais de savoir ce que ça faisait quand c’était un adulte qui nous touche.
Dans le fonds, c’est tout un hommage que je lui rends sans même qu’il ne l’ait jamais su : je le croyais assez correct pour ne pas en avoir peur et vouloir vivre cette expérience au-delà de ce que je connaissais sans peur, ni honte. Je n’avais même pas douze ans.
Pourtant plus tard, si je suis resté accroché à la pédérastie, c’est justement parce que je me rappelais ces histoires qui m’avaient totalement traumatisé. Comment discerner un M. Pope d’un de ces sales qui te coupent en morceaux après avoir vérifié la rigidité de ton petit pipi. L’homosexualité était tellement mal vue qu’à part les latrines publiques, tu ne savais pas où rencontrer des gais. Moi, mon fou, j’avais encore peur des vieux. Je voulais bien, mais à reculons (sans jeu de mots), c’est-à-dire tremblant de peur.
J’ai en très grande partie décroché de la pédérastie quand je me suis d’abord aperçu que ce n’était pas tous les gais qui rêvaient de faire de toi un chop-suey ou une tourtière. Même que la plupart des gais étaient délicats, respectueux.
Est-ce qu’on nous avait menti ou est-ce qu’on exagérait un danger parce qu’on n’en connaissait rien ? Le « cruising » est une des choses les plus intéressantes de la vie sexuelle gaie, même si souvent ça ne tourne à rien. Ça vaut la peine de vaincre ta peur pour te sentir désiré.
Cette peur n’a pas eu d’effets néfastes simplement parce qu’à Barnston, les gais ne courent pas dans les rues. J’ai dû affronter ces histoires d’horreur que beaucoup plus tard et sans m’en rendre compte j’ai opté pour ce qui était le plus sécuritaire. À cette époque, on n’était pas encore devenu assez fous pour croire qu’on peut être un monstre en jouant aux fesses sans violence et dans le plaisir.
L’école libre me permit de me rendre compte que je pouvais vivre 24 heures sur 24 en rut, sans même toucher les gars qui me tentaient. Je pouvais aussi avoir des jeunes qui étaient absolument consentants et heureux de me connaître. Je m’apercevais que les moumounes qui combattent avec tant d’acharnement la sexualité sont beaucoup plus aigries, plus jalouses que moi.
Ce fut cette transformation qui me donnait le choix, qui me permettait de découvrir que je pouvais aimer être le jouet sexuel d’un gars de mon âge ou d’un aîné, et aimer ça. L’exclusivité quant à aimer juste des gars, comme la majorité des pédérastes, volait en éclats à travers mes expériences. Par contre, j’étais déjà prisonnier de mes textes sur la pédérastie et identifié à cette orientation sexuelle.
Je trouvais la petite Hélène assez belle pour désirer une femme. Les seins sont encore plus beaux quand la fille n’est pas encore âgée. Ils sont plus petits, plus « poires ». Elle avait probablement environ 25 ans.
Même si nous nous étions séparés, Suzanne demeurait une connaissance que j’appréciais grandement. Elle m’avait appris à me connaître moi-même en vivant différemment ma pédérastie. Elle me forçait à cause de sa maturité à une recherche intérieure plus profonde que le pouvait un jeune.
Je découvrais qu’il y a chez les adultes un pouvoir d’aimer qui se compare très bien avec celui des gars à cause de sa différence. Ces relations permettent en plus une autre forme de développement intellectuel. Une bonne discussion donne un énorme plaisir. J’apprenais à être autant éberlué par l’intelligence des autres que par leur beauté physique.
Mon besoin de séduire des bonhommes quand nous allions prendre un coup était, sans que je m’en rende compte, un des éléments retenus par les psychiatres que j’étais allé les voir pour être certain de ne jamais être un danger pour un petit gars.
Je disais que c’était mon côté féminin, mon côté «guidoune». Nous avons tous intérieurement une partie des deux sexes. Notre développement sexuel en homme ou en femme ne se fait qu’à la fin de notre développement.
Selon les psychiatres, pour ne pas souffrir inutilement de l’étroitesse d’esprit de notre société, il était préférable que je sois gai plutôt que pédéraste, et ce, même si ma façon de vivre ma pédérastie leur semblait tout à fait correcte, probablement parce que je n’aimais pas la sodomie.
Mon dédain pour la peur et la violence faisait en sorte que je ne pouvais pas être un danger pour qui que ce soit. Mes recherches étaient axées sur la tendresse et les caresses.
Mon désir de devenir père et enseignant est né dans ces circonstances.
Je pouvais être un bon professeur parce que j’avais une bonne connaissance de l’âme des jeunes. Je pouvais facilement me mettre dans leur peau et réussir à l’université.
D’autre part, rien ne m’empêchait de vivre ma vie sexuelle en dehors de ma profession d’enseignant.
L’enseignement devenait une porte de sortie très intéressante, adaptée à ce que je suis profondément. Enseigner était sans que je le devine encore sacrifier ma pédérastie sous l’aspect génital, mais éliminait en rien les sentiments. Je devais au préalable terminer ce que j’avais entrepris au niveau de l’écriture. Je me prenais déjà pour un écrivain, mission qui se confondait avec la révolution.
Au début, Avant de se retrouver tout nu dans la rue ou le problème du logement devait être un livre d’une centaine de pages. Je pouvais aussi compter sur mon très bon ami Gaétan Dostie et Parti pris pour le publier. J’ai voulu innover en résumant la position de tous ceux qui étaient concernés et marquer combien le fédéral était encore une fois de trop dans ce domaine.
Chaque groupe fut invité à présenter son mémoire à un colloque sur le logement afin d’écrire ce livre. Je devais ensuite faire la sélection. Puisque je voulais toucher tous les aspects, le livre devint immense, plus de 400 pages.
Parti pris n’était pas très content du volume des textes, surtout que le ministre qui appuyait le projet trouvait que ce serait un livre beaucoup trop volumineux. Je dois avoir eu raison dans mes choix, car ce livre a servi longtemps de livre de référence dans les universités. En y publiant beaucoup de statistiques, malheureusement, le livre devenait très vite dépassé. Mais, à cette époque, écrire était pour moi mon arme de combat. Rien n’empêchait les mises à date.
La correction fut faite par Louis Geoffroy. Celui-ci me dit qu’il m’avait toujours considéré comme un bon écrivain, mais qu’en lisant mes textes, il avait totalement changé d’idée. Selon lui, le livre était plein de fautes de français, totalement monotone, sauf le chapitre sur les feux dans le secteur de Saint-Louis, à Montréal
Malgré ce jugement défavorable, j’aimais bien Geoffroy et c’était son droit le plus légitime de ne pas aimer mon livre.
De toute façon, j’étais devenu un écrivain connu par accident. Si je n’avais pas connu Gaétan Dostie et Gaston Gouin, je serais demeuré un parfait inconnu quoiqu’à cette époque les journaux publiaient beaucoup mes lettres ouvertes. Mes écrits sur la pédérastie n’auraient jamais été connus si je n’avais pas participé à la publication de Sortir avec Jean Basile, en 1978, et fait un dossier avec Paul Chamberland dans le Berdache, le 15 novembre 1980.
Mon texte entraîna une recherche à l’université de Montréal pour savoir quels effets pouvaient avoir mes textes en prison puisque tout le monde peut les comprendre.
J’étais perçu comme un baveux, un provocateur, par bien d’autres écrivains qui ne comprenaient pas que je prenais mes écrits pour une mission à accomplir. Comme tout fanatique, j’étais prêt à mourir pour défendre mes causes : l’indépendance du Québec et le droit à la pédérastie.
Une fin de semaine, je partis pour rendre visite à ma famille à Barnston. La petite Hélène me rejoint au téléphone pour m’annoncer une très mauvaise nouvelle, mon éditeur était décédé.
Au début, j’ai cru que c’était mon ami Gaétan Dostie, mais dès mon arrivée à Montréal, j’ai appris qu’il s’agissait de Geoffroy, mon correcteur et non mon éditeur.
Il demeurait dans le secteur Saint-Louis et il venait de mourir à la suite d’un incendie dans sa demeure. Les photos pour la publication d’Avant de se retrouver tout nu dans la rue étaient sur son bureau au moment du sinistre. Elles étaient partiellement brûlées. On décida de s’en servir quand même pour illustrer le livre.
Ces funérailles furent particulières. Rien de religieux, Janou Saint-Denis y lut des textes poétiques à l’église. Ce fut suivi d’une rencontre où l’on s’enivra avec une chaise vide pour marquer la présence et les goûts de Louis. Je suis sorti de ces funérailles complètement « pacté ».
Quand le livre Avant de se retrouver tout nu dans la rue fut terminé, j’ai décidé de prendre des vacances en me rendant sur le pouce voir ce fameux Lac Saint-Jean. Je suis parti accompagné de Patrick et deux des trois garçons de ma cousine. Nous avions une tente pour dormir et des pouces pour s’y rendre.
À notre retour, nous étions sur le bord du chemin quand une patrouille de la police s’arrêta pour nous embarquer un bout. C’était évidemment un moyen pour me questionner. Un vieux avec trois jeunes, c’est automatiquement très suspect. On fut laissé un peu plus loin et les policiers avaient pu constater que rien d’anormal ne se produisait.
Quelques minutes plus tard, la police revenait et nous demanda d’embarquer. Il avait appris que des changements devaient être effectués dans mon livre sur le logement et qu’il y avait un avis de recherche pour me retrouver d’urgence. Nous nous sommes rendus jusqu’au parc, sirène et tout le pataclan. On me dit que c’était pour me faciliter les choses un peu plus loin, car d’autres conducteurs n’auraient pas peur en nous ayant vu dans une auto patrouille. Les policiers ne pouvaient pas m’amener jusqu’à Montréal.
Un seul autre élément me revient à l’esprit quand je songe à ce livre. J’avais rencontré le nouveau ministre de la Justice, Marc-André Bédard, par accident, et je lui avais fait part de mes peurs et constatations concernant les incendies répétitifs dans les maisons abandonnées. Je lui ai dit que ceux-ci étaient l’œuvre de la pègre qui procédait ainsi pour obtenir l’espace afin d’ouvrir de nouveaux terrains de stationnement. Une de mes grandes intuitions journalistiques. Ce fut les rires et les « yé malade celui-là. Quel paranoïaque !». C’est vrai que je n’avais pas de preuves, mais ça me sautait aux yeux. On a découvert quelques années plus tard que j’avais raison. Si on ne mérite pas un rire, on ne vaut pas grand-chose.
À cette époque, je me prenais pour un grand poète incompris. L’écriture comptait déjà autant que les petits gars. Je devais trouver un métier que j’aime, oublier ma révolution. Mais, en même temps, j’étais assailli par une remarque de Raoul Roy, l’écrivain.
» Karl Marx essayait de sauver le monde avec ses grandes théories alors que sa famille crevait de faim. »
Je ne voulais pas être un de ces « preachers. Je ne cherchais pas le pouvoir, je cherchais ma place dans cette société de plus en plus puritaine. Ou était-ce un retour à mes sources? Port-Royal, le royaume des chercheurs de sainteté, c’est ça notre passé.
Plus je réfléchissais, plus le retour à l’école me semblait le premier pas à faire dans la bonne direction.
C’était la fin de ma carrière de révolutionnaire.
Le hasard fit que je m’en irais dans l’enseignement puisque c’est tout ce que je savais faire. Il fallait enclencher le passage progressif de la pédérastie à la vie gaie.
Je dois avouer que ma vie sexuelle fut toujours pour moi celle de l’enfant : un pervers polymorphe. Tant qu’il y a du plaisir, le sexe est un maudit beau passe-temps. Il n’y a aucune violence dans le sexe, seulement du plaisir ; mais il faut le consentement et le respect mutuel obligatoire.
Je découvrais la vie gaie. Les soirées dans les clubs à espérer qu’une personne me remarque et m’invite à terminer la nuit avec elle.
Quelles joies d’avoir rencontré Raymond Paquin, un professeur de Rouyn-Noranda, perdu dans les tavernes gaies, de Montréal, où nous nous sommes croisés.
Tout ce qui comptait, c’était rire et baiser. Une autre découverte incroyable : des bonshommes pouvaient croire que j’étais beau et me vouloir. Rien n’était capable de nous arrêter. On aimait se rendre dans un restaurant et après avoir commencé à manger, se lever et chanter « L’Internationale« , l’hymne communiste, juste pour le plaisir de voir les gens capoter.
Une autre fois, nous nous étions rendus dans un club de danse hétéro et nous avons d’abord dansé un «boogie» ensemble, puis, un «slow cochon». Les gens voulaient nous tuer. J’ai sauté sur une table, mais en rejoignant le plancher, je me suis tordu une cheville. J’en ai eu pour des semaines à en rire et à boiter.
Paquin pouvait payer la traite à tout le monde, mais il y avait toujours une condition : être drôle, agréable. Quand j’étais trop sérieux, il me faisait fumer : un party garanti.
Parfois, on se rendait sur la montagne, là, où j’ai connu ce que c’était de devenir le centre d’une orgie collective, d’avoir une dizaine de langues qui essaient de trouver un pouce de chair à lécher. C’était bien des plaisirs, mais ça ne me conduisait nulle part.
J’aimais autant aider Raoul Roy dans son imprimerie. Le soir, quand je ne savais pas où aller coucher, je me rendais chez lui et il me prêtait son divan. Le lendemain, je l’aidais à imprimer ses multiples livres. Je me suis beaucoup attaché à ce personnage inconnu de notre révolution alors qu’il en fut un des plus grands intellectuels.
Sauf pour l’indépendance du Québec, on n’avait pas les mêmes idées, loin de là, mais il m’apprenait que la révolution c’est un travail sans relâche de communication et d’éducation. Fidèle au Général de Gaule, Raoul Roy était un passionné de l’indépendance et du socialisme. Nous parlions peu, nous agissions. On passait des journées à imprimer ses livres.
C’est un personnage très coloré, avec sa petite barbiche à la Lénine. Par contre, il était prisonnier de notre passé collectif. Il refusait qu’un individu se dise Québécois plutôt que Canadien-français. Cette évolution était selon lui une régression, un moyen de diluer notre désir de créer une République. Il n’acceptait pas que les Canadiens nous aient volé jusqu’à notre nom. Il prétendait aussi que si le Parti Québécois prenait le pouvoir, l’indépendance ne se ferait jamais parce que les gens commenceraient à déléguer cette mission au parti plutôt que de continuer à s’investir pour la cause.
Raoul s’était aussi rendu en Israël faire une recherche sur Jésus qui donna son livre Jésus, guerrier de l’indépendance, publié à Parti pris, une des plus grosses maisons d’édition à cette époque.
C’est à partir de lui que je tenais que Jésus était profondément en amour avec son petit cousin de quinze ans, Saint-Jean l’Évangéliste. Dans l’Évangile de Saint-Jean, bible de Jérusalem, l’auteur indique que Jésus était couché nu avec ses disciples bien-aimés.
C’est aussi pourquoi j’ai dit dans une émission de radio sur les Rhinocéros en Abitibi –puisque Raymond Paquin s’était présenté candidat aux élections fédérales comme rhinocéros — que j’étais St-Jean, le petit serein de Jésus-Christ–.
Nous buvions et fumions beaucoup. Ce n’est pas une excuse, mais une réalité. J’ai dû redescendre à Montréal sur le pouce puisqu’on voulait me faire la peau, tellement ça avait choqué beaucoup de gens.
Dans ce voyage, en passant à Val d’Or j’ai pressenti que cette ville serait très importante dans ma vie, mais je ne savais pas pourquoi. Je suis passé par le lac Saint-Jean pour le retour. J’ai dû coucher en prison, car la police craignait que je sois attaqué par un ours. Ce détour me permettait de connaître une autre partie de notre merveilleux Québec.
Je suis maintenant convaincu que la peur qu’on entretint quand j’étais petit concernant les gros méchants loups qui rodaient pour décapiter les petits gars m’a profondément marqué.
Elle a manifestement retardé mon évolution sexuelle vers l’homosexualité, ce qui est quand même mieux accepté que la pédérastie.
Durant des années, j’ai voulu affirmer mon exclusivité aux petits gars, mais la vie m’amenait lentement à cesser de croire dans les peurs de mon enfance. Freud a bien raison, nous sommes d’abord des pervers polymorphes.
Par contre, le plus fondamental dans une orientation sexuelle demeure ce par quoi tu es attiré. Ma peur des hommes n’était pas toujours consciente, c’était un traumatisme enfantin. Ce qui primait, ce qui me permit de modifier ma façon de voir les choses; fut que j’étais disponible à tout ce qui m’attirait, me fascinait.
C’était d’abord les petits gars à cause de leur jovialité, leur complicité et l’absence de peur inconsciente. L’inconscient joue un rôle déterminant dans tes choix sexuels. La vie humaine est très compliquée à comprendre et la vérité est encore plus difficile à déterminer. J’ai commencé à justifier la pédérastie en y voyant l’avantage de ne pas être mis en danger par le sida.
C’est ce qui se passe aujourd’hui au Québec. En condamnant globalement la sexualité les jeunes ne saisissent pas les nuances. Ton rapport avec la sexualité est fondamentalement le même qu’avec la liberté. C’est surtout vrai chez les filles. Pourquoi les féminounes sont-elles incapables de valoriser la sexualité ? Le discours sexuel est nettement plus négatif pour les filles que pour les garçons. C’est strictement une question d’éducation. La société a créé les règles pour éviter que les problèmes des pauvres se répercutent sur les bourgeois, en créant une morale mur à mur.
Le sexe est associé au mal plutôt qu’au plaisir sans aucune raison valable.
La phobie du sexe chez les femmes est strictement à mon avis due au fait qu’elles sentent, même si ce n’est pas ouvertement dit, toutes les peurs que notre civilisation charrie depuis des siècles. Ce sont des peurs sociales qui viennent particulièrement des religions. La société a été composée à partir des lubies des mâles. Ce n’est pas étonnant que les gais soient presque sur la même longueur d’onde que les femmes, car celles-ci n’ont pas à craindre la pénétration avec eux, tout en ayant droit à toute l’affection, la tendresse qu’elles cherchent.
J’ai toujours été très mélangé dans ces choix sexuels pleins de nuances. La seule chose dont j’étais certain, c’est que le plaisir sexuel ne peut pas tolérer la violence. Les rapports sexuels sont un échange d’énergie, de complicité, de fascination autant que le plaisir charnel strictement génital de la pénétration. Dans le fonds, je préférais probablement les petits gars parce que je détestais et craignais la sodomie. J’ai même découvert les plaisirs de la fellation que devenu adulte.
La vie me prouvait quotidiennement que ce que l’on racontait sur la pédérastie était absolument faux. Le sexe avec les petits gars passent nécessairement par le jeu, par l’affection mutuelle. Une masturbation. Des caresses. Une fellation. Et pour certains, la sodomie. Pour voir ce que tout ça fait. Quel plaisir ça apporte. C’est pourquoi c’est absolument faux de prétendre qu’un jeune peut être traumatisé par de telles expériences.
Mais, il existe des psychopathes qui sont dangereux parce qu’ils sont frustrés sexuellement. C’est le contraire de ce que prétend la loi qui appelle un jeu sexuel, un abus, une agression.
Je ne pouvais pas supporter de tels mensonges d’où je me suis créé une vocation, soit de rétablir la vérité et éliminer ce qui m’avait tant blessé, soit la peur des relations sexuelles avec des gars plus âgés. Je ne voulais pas que dans l’avenir, les jeunes aient à souffrir de l’ignorance quant au sexe que moi j’avais vécu.
J’identifiais le problème sexuel à l’ignorance, rien d’autre.
J’avais rencontré un groupe de jeunes garçons qui prenaient plaisir à venir me visiter strictement pour avoir du plaisir. Ils prétendaient même que je leur appartenais. Une voisine qui aimait boire avec moi l’apprit à ses dépens. Les jeunes se sont présentés à mon insu chez elle pour la menacer si elle continuait de me fréquenter.
Les jeunes ne se sentent jamais inférieur à un adulte, à moins que celui-ci joue le gars en situation d’autorité. L’égalité homme-femme sera bien plus difficile à réaliser que l’égalité homme- gars.
Les jeunes savent qu’il n’y a pas que les bras dans notre monde et qu’ils peuvent très facilement te faire mettre en prison pour des raisons sexuelles.
Les féminounes pêchent par leur non-confiance aux jeunes. Elles les imaginent aussi à la merci de tout ce qui bouge. Elles les sentent comme elles se sentent.
Ainsi, on maintient chez jeunes la honte du sexe, car ils le cachent à leurs parents ou aux adultes.
C’est à mon sens ce qui amène ce genre de relations à pouvoir être dangereuses, car le jeune vraiment en danger ne voudra pas en parler avec raison, car on a créé un véritable enfer autour du mot sexe.
Si au contraire, on pouvait en parler très librement, l’exploitation, la domination ne pourrait pas exister. En ce sens, les parents et les éducateurs doivent mettre les jeunes à l’aise pour parler de ce qui pourrait les troubler.
Mais dans notre société puritaine actuelle qui serait assez fou pour oser le dire, sans chercher à mettre fin à la relation qui existe s’il y a un malaise. Si les jeunes vont avec un bonhomme, c’est qu’ils y trouvent des avantages et des cadeaux. La pédérastie est basée sur la séduction et non la domination. On a beau dire que ce n’est pas grave, tout le monde en parle, donc, c’est sûrement quelque chose d’important.
La pédérastie est fondamentalement un plaisir, sinon jamais un jeune ne consentirait.
1978
Fin